Saison 1 | Épisode 4
Carnet de campagne 2 : Pas de sushis pendant les grèves
Depuis jeudi dernier les grèves dans les transports parisiens s’étirent. Cela fait 5 jours que les activités de mon humain varient entre tourner en rond dans l’appartement ou végéter sur le canapé. Hier j’ai donc entrepris de la sortir un peu pour la promener. Histoire de lui faire prendre un peu « l’air frais » de la ville. L’air gris et âpre de Paris.
La baisse des températures hivernales fait peser un couvercle sur le CO2 dégagé par les interminables bouchons de pots d’échappement qui bloquent les artères de la capitale et stagnent au fond des poumons brûlant des habitants asphyxiés. Cette épidémie a littéralement figé les rouages de la machine : passants anesthésiés, colonnes immobiles de véhicules toussotant, rames de métro en arrêt maladie. C’est l’hiver, c’est la nuit qui tombe à 17h00, c’est la grève générale de la routine citadine.
Mais ma campagne politique continue. Car grève ou pas, les élections approchent, ainsi que la fin de la banquise et la fin du monde tel que nous (vous et moi) le connaissons. Alors, même si je dois contourner le problème des grèves de transport, je ne m’arrête pas. Seul mon humain est réticent à travailler. La promenade avait donc pour but de dégourdir un peu ses jambes avant qu’elle ne prenne racine et se transforme en plante d’ornement. Et puis j’ai faim. Le frigo est vide.
Je voulais donc l’emmener manger des sushis et nous attendions silencieusement à la station de bus en face de chez elle. Si cette anecdote semble peut-être banale, elle évoque cependant un événement qui m’a chiffonné. Ce n’est pas la première fois que quelque chose de ce type se produit depuis mon arrivée dans le monde des Hommes. Cela s’est déroulé à peu près comme suit.
C’était donc ça, le fameux « Homo sapiens sapiens ». J’avais subitement honte pour mes congénères d’avoir laissé une race pareille dominer la planète pendant si longtemps. Le nigaud se résolu finalement à prendre lentement la fuite en s’éloignant à reculons de l’arrêt de bus. On aurait dit un film qui se rembobinait au ralenti. Quelle ingratitude ! C’est alors que, m’indignant intérieurement, j’entendis un autre ricaner à ma gauche. Lui aussi me dévisageait comme s’il voulait me déshabiller du regard.
Pour tous les curieux qui se poseraient cette même étrange question, je vais mettre fin immédiatement au suspense. Attention « Spoiler » : sous les plumes, il y a de la peau.
Non pas que la nudité ne me pose problème. Le fait que je porte un nœud papillon n’a rien à voir avec ça. C’est simplement une question de goût et d’élégance. Mais ce regard insistant et grossier commençait vraiment à me piquer. Voyez-vous, je suis peut-être un pingouin, mais je possède une certaine fierté. Je lui jetai donc sur un ton très agressif :
– Il y a un problème ?
– Euh… non…. (Il souriait toujours bêtement)
– J’ai des plumes, je suis bicolore donc je n’appartiens à aucun groupe de couleur, je suis un étranger, et alors ? Tu n’aimes pas les blancs-noirs ? Tu préfèrerais quoi ? Les noirs-blancs ? Toi aussi tu veux me renvoyer en Antarctique ou m’enfermer dans un zoo ?
À ce moment il devint cramoisi et lui aussi décida de quitter la station de bus. En général, les gens me trouvent plutôt mignon. D’ailleurs c’est assez utile car ils baissent leurs gardes, mais l’inconvénient c’est que je perds un peu en sérieux. Et pourtant je ne dois pas être assez séduisant, parce que dès mon arrivée en France j’ai dû faire face à des tentatives d’évictions ou exclusions. Ces dernières n’ont pas diminué dès lors que j’ai commencé à ouvrir le bec pour exprimer mes sentiments politiques. C’est entre autres pour ces raisons que j’ai dû me procurer des papiers. Heureusement j’ai un copain qui sait faire… Mais cette histoire sera pour une autre fois.
On attendait toujours le bus, mon humain commençant dangereusement à se confondre dans le paysage, lorsque le premier type à qui j’avais tendu la carte postale revint finalement vers moi. Cédant à la curiosité et bégayant il me demanda qui j’étais et pourquoi il y avait mon portrait sur la station de bus. Quelque peu, étonné de sa question, je me retournai, et découvris alors mon affiche de propagande qui me surplombait superbement.
Mon humain qui jusque-là avait observé toute la scène sans sourciller se mit à rire dans son écharpe. Décidant de l’ignorer et de laisser passer pour cette fois son insolence, je répondis simplement au badaud :
– Oui c’est moi. Un jour plus personne ne demandera qui je suis…
Il semblait vouloir dire autre chose, mais d’un geste de l’aile et d’un simple regard, je lui fis comprendre que je n’avais pas de temps à perdre aujourd’hui avec son ignorance et sa « sagacité » frappante.
Pour ce qui est de l’affiche, je l’avais complètement oubliée celle-là ! En m’adressant cette fois à mon humain je lui ai demandé pourquoi elle ne l’avait pas décrochée. Elle fronça les sourcils et, toute trace d’amusement disparue de son visage, répondit par une autre question qui trahissait un certain doute :
– Tu voulais que je la décolle ?
– À cause du courrier, je pensais que tu…
– Quel courrier ?!
La « boulette ». Sur le coup je n’avais plus pensé au fait que justement, j’avais auparavant omis ce petit « détail ». Elle a reçu un avertissement il y a quelques semaines la menaçant d’une amende si elle ne décrochait pas ses affiches (Pourquoi ça s’appelle une « boulette » je ne comprends toujours pas). Mais le délai de réponse étant écoulé de toute façon, mieux valait laisser tomber l’affaire dans l’oubli et « la jouer cool » :
– Ah, non c’est rien…
Elle avait l’air très suspicieuse, donc pour éviter une scène je me dépêchai de détourner son attention.
Elle avait l’air très suspicieuse, donc pour éviter une scène je me dépêchai de détourner son attention.
– J’ai comme l’impression que le bus ne va pas venir.
– De quelle lettr…
– Tu ne veux pas aller chercher les sushis toi-même à pieds ? Pendant ce temps je vais rentrer, j’ai un mail à écrire.
– Et puis quoi encore ?! C’était ça ton plan ! Depuis le début ! Que je te fasse la livraison de sashimis et que je te les paye en plus !
– Mais la livraison par scooter c’est mauvais pour la planète. Je ne peux pas encourager ce genre de pratiques et toi non plus.
– Tiens, j’ai une idée ! Tu vas les chercher toi-même !
La discussion dura encore un certain temps au bout du quel mon humain fut forcé de se plier à ma volonté puisque je possède à ma connaissance toutes ses coordonnées, données sensibles et codes secrets utiles sur internet.
J'aime, je partage !
En attendant son retour je suis retourné à l’appartement où j’ai écrit un tweet :
Des grèves de transport en commun pour aggraver la situation de la planète : aujourd’hui tout le monde prend sa voiture. Pourtant, « on est tous dans le même bateau » #BigPenguiniswatchingYOU #Climat
Puis un deuxième :
Quand je serai au pouvoir, les grèves et la voiture appartiendront au passé.#PlaceAuChangement
Puis un troisième :
Le choix écologique aux municipales ? C’est moi ! Soutenez ma campagne ici : https://fr.tipeee.com/defense-de-taguer
Puis une réponse de @PoulpiProf :
Ok pour voter en ayant conscience de l’avenir de la planète. Mais cela n’excuse pas des pratiques financières douteuses.
Une deuxième réponse de @PoulpiProf :
La réglementation pour le financement des campagnes politiques est assez stricte. N’hésitez pas à me contacter pour plus d’informations.
Mais qu’est-ce qu’il vient encore m’embêter celui-là ?! Il veut que je lui écrive ? Ok. Faut pas me demander deux fois.
Les grèves de transport compliquent la tâche à Big Penguin pour mener à sa campagne politique… Comment sa campagne sur réseaux sociaux va-t-elle se développer ?
Cet épisode a été écrit par
Big Penguin
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